Résumé :
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On ne peut aborder objectivement le thème de l'alcool et des Amérindiens sans déconstruire les plus tenaces des stéréotypes sur le sujet. Il ne s'agit pas de nier l'ampleur des problèmes associés à l'usage abusif d'alcool, mais de remettre les pendules à l'heure. Si l'alcool était une substance inconnue de la majorité des peuples autochtones du nord du continent, elle faisait cependant partie des moeurs alimentaires et rituelles d'un bon nombre de groupes du sud. Mais qu'elle soit endogène à la culture ou qu'elle ait été introduite par les colonisateurs, l'alcool semble se révéler un ® problème » qu'en situation de contact avec la civilisation dominante. La transformation des contextes traditionnels d'usage, d'une part, la transformation violente de la société, d'autre part, sont des facteurs qui ont indéniablement joué un rôle dans la relation que les Amérindiens de l'époque post-colombienne ont développée avec l'alcool. Ces transformations, avons-nous besoin de le rappeler, portent toutes en elles le poids des rapports de force inégaux que les communautés autochtones entretiennent avec les institutions de la société dominante. On ne peut comprendre les rapports qui existent entre les Amérindiens et l'alcool en situation de contact, sans essayer de comprendre les rapports de domination et de dépendance institués par la société colonisatrice. En principe, on extirpe de leur contexte traditionnel certains aspects ou éléments de pratique shamanique ou de guérison ancestrale, pour les réintégrer dans une nouvelle structure signifiante qui, souvent, a peu à voir avec la signification globale de la pratique ou du culte originel. Ainsi, de manière générale, nous prenons ce qui fait notre affaire de l'Autre, de l'étranger, qu'il soit autochtone ou non, et écartons, voire parfois, condamnons ce qui nous dérange ou fait moins notre affaire
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