Résumé :
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Trente-cinq pour cent à 45 % des patients psychotiques consomment régulièrement du cannabis, avec des effets néfastes sur la rémission des symptômes positifs, le niveau de fonctionnement et le risque de rechute. Des approches motivationnelles ont été développées pour les doubles diagnostiques afin de s'accommoder aux consommateurs de substances souffrant de psychose. La banalisation du cannabis comme une drogue ' douce ' jugée inoffensive, la fréquence de sa consommation chez les jeunes et son appétence et sa nocivité particulière pour les personnes souffrant de psychose implique de développer des approches spécifiques à cette population. Notre objectif est de développer une approche pragmatique, sans jugement, inspirée du modèle d'intervention motivationnelle adapté aux doubles diagnostics afin de viser une réduction des risques liés à cette consommation. Cette adaptation est basée sur une revue de littérature des interventions motivationnelles pour les doubles diagnostics, sur notre expérience du modèle motivationnel avec des patients souffrant de psychose et inspiré initialement par les interventions brèves à l'intention des consommateurs d'alcool à risque. Les principes d'une intervention motivationnelle adaptée aux patients psychotiques consommateurs de cannabis sont : (a) l'abord simultané des questions liées à la psychose et au cannabis et de leur interaction ; (b) la prise en compte des troubles cognitifs liés à la maladie et au traitement ; (c) l'adaptation des techniques d'écoute réflexive ; (d) la structuration des entretiens, notamment à l'aide de la grille de balance décisionnelle (GBD). Les quatres premières séances comportent : (1) la création d'une alliance et évaluation de la consommation de substance ; (2) le développement de la motivation au changement en augmentant les contradictions dans le discours du patient ; (3) la définition des objectifs en fonction du stade de motivation au changement et ; (4) à partir de la quatrième séance, adaptation de l'intervention au stade de motivation au changement. Dans une telle approche, le premier pas est du côté du thérapeute, qui manifeste de l'empathie et cherche à comprendre les raisons de la consommation. Contrairement à une approche classique qui viserait essentiellement à souligner les dangers du cannabis et à interdire sa consommation, le patient dévoile les aspects ambivalents de sa consommation avec un minimum de réactance et prend conscience des liens entre les troubles et la consommation. Cette méthode est particulièrement adaptée aux patients ambulatoires en précontemplation, c'est-à-dire sans perception du problème, ni désir de changement.[résumé d'auteur]
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