Titre : | Le cas Lola Voss de Ludwig Binswanger : modalités du distancement chez une schizophrène |
Auteurs : | Jean-Claude Marceau |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (69(3), 2004) |
Pagination : | 439-450 |
Langues: | Français |
Mots-clés : |
Noms propres BINSWANGER LUDWIGSANTEPSY AUTRE ; CAS CLINIQUE ; CORPS ; DISCOURS ; ESPACE ; LANGAGE ; PARTENARIAT ; PHENOMENOLOGIE ; PHOBIE ; PSYCHOTHERAPIE EXISTENTIELLE ; SCHIZOPHRENIE ; TEMPORALITE PSYCHIQUE ; VETEMENT |
Résumé : | Nous examinons ici le cas Lola Voss de Ludwig Binswanger publié dans son maître ouvrage Schizofrenie, qui a fait l'objet d'un résumé d'ensemble paru en 1958 dans L'Évolution Psychiatrique sous la plume d'Alfred Storch, sous l'angle de ce que Martin Heidegger nomme, dans Être et temps, le distancement. Le distancement, inhérent à l'être-avec, est la conséquence de ce que le Dasein, en tant qu'être-l'un-avec-l'autre quotidien, se tient toujours sous l'emprise d'autrui. Dans la schizophrénie, le Dasein, incapable de se laisser aller à la fluence du monde, se trouve livré toujours davantage à un projet-de-monde particulier qui le possède et l'accable, traduisant sa déréliction. Chez Lola, la compulsion à lire le destin au moyen du jeu avec les lettres et les phonèmes, tout comme la phobie des vêtements, expriment cette défaillance dans la continuité temporelle de son être, que vient compenser une mondanisation accrue, autrement dit une spatialisation se traduisant chez elle par l'instauration généralisée de tabous. Chez Lola, les phénomènes de monde (les altérations spatio-temporelles), les phénomènes de langage (le jeu anagrammatique avec les lettres) et les phénomènes de corps (le vêtement comme support du soi) manifestent un mode particulier du distancement dans son rapport à l'autre, l'aphanisis d'un désir marqué par l'excès, cet amour impossible qui constitue le point de cristallisation de toutes ses pensées.[résumé d'auteur] |