Résumé :
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Cet article analyse le sniff comme voie d'administration chez trois groupes de consommateurs d'héroïne : ceux qui n'ont jamais pratiqué d'injection, ceux qui la pratiquent encore et ceux qui l'ont abandonnée. Des entretiens à propos de leur histoire personnelle ont été menés en 1994 avec 26 personnes pratiquant le sniff mais non l'injection, recrutés dans des lieux de drogue de rue, en corrélation avec une enquête permanente sur les comportements à risque et la séroprévalence chez des usagers de drogues par voie injectable. S'y sont ajoutés des entretiens d'enquête et de brefs questionnaires à questions ouvertes avec 23 personnes combinant l'injection et le sniff d'héroïne, appartenant à un autre groupe de l'étude et recrutés dans un centre de désintoxication. Le sniff d'héroïne n'est pas seulement un bref prélude à la pratique de l'injection, il peut continuer sur de longues périodes et perdurer pendant et après les périodes d'injection. Chaque groupe d'usagers étudiés utilise le sniff d'héroïne pour réguler les différents risques perçus : la tolérance à l'héroïne et les dépenses financières (chez ceux qui n'ont jamais pratiqué l'injection), les risques situationnels (chez les pratiquants actuels), et les crises personnelles (chez les ancients pratiquants). Ces résultats montrent l'importance des facteurs personnels, au-delà de la disponibilité des seringues ou de la crainte du HIV, dans le mode de consommation de l'héroïne
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