Résumé :
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Si la haute prévalence de la comorbidité schizophrénie-toxicomanie fait aujourd'hui consensus, les déterminants de cette association continuent d'échapper aux scientifiques. Au sein du débat sur les liens plausibles entre ces deux conditions, une hypothèse paraît toutefois se démarquer, l'hypothèse de l'automédication formulée par Khantzian, que les auteurs évaluent ici à l'occasion d'une revue de littérature. Au terme de cet exercice, deux constats généraux s'imposent : d'abord, il semble que les substances psychoactives peuvent aggraver ou précipiter les symptômes positifs (délires, hallucinations) d'une majorité de schizophrènes; par contre, il paraît possible qu'elles allègent les symptômes négatifs de ces patients, en particulier leur anhédonie, leurs inhibitions sociales, voire même leurs défaillances cognitives. Prenant état de ces constats, les auteurs évaluent quelques hypothèses alternatives (régulation de l'humeur, induction d'états dissociatifs) avant de considérer l'apport des neurosciences. Renversant la logique d'allègement des symptômes, la neurobiologie incite à penser que le schizophrène présente une vulnérabilité aux effets renforçateurs des substances psychoactives. Suivant cette voie, le traitement de cette comorbidité ne pourrait pas se réduire au seul traitement des symptômes, en faisant l'économie de la toxicomanie - ce que suggère l'hypothèse de Khantzian. En raison de leur profil "polypharmacie", les auteurs suggèrent enfin que la clozapine et la quétiapine pourraient faciliter un traitement intégré de cette double condition. (Résumé de la revue.)
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