Résumé :
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En population générale, environ 20 pour cent des enfants ont un parent affecté par une maladie psychiatrique majeure. Les enfants et adolescents nés d’un parent atteint de schizophrénie, maladie bipolaire ou dépression majeure récidivante, se comptent par millions, mais ne font l’objet d’aucune priorité sociosanitaire. Ils sont 15 fois plus à risque de développer la maladie de leur parent, et 50 pour cent d’entre eux présentent, durant l’enfance, des troubles développementaux ou du comportement nécessitant des soins. Plusieurs indicateurs de dysfonctions du cerveau ou endophénotypes de risque, présents chez les patients adultes, sont décelables très tôt dans l’enfance, rendant ainsi possible la détection de l’enfant qui, dans une même fratrie, est le plus susceptible de développer la maladie. Ces découvertes sont en faveur de l’hypothèse neurodéveloppementale de la schizophrénie, de la maladie bipolaire et de la dépression majeure récidivante, et de l’hypothèse d’une origine partiellement partagée de ces trois syndromes. Dans cette revue sélective, nous présenterons des données suggérant que parmi les enfants à risque, ceux qui évolueront vers la maladie accumulent au cours de leur trajectoire des indicateurs précoces de risque. Ce cumul peut servir de substrat empirique pour la description de stades précliniques progressifs dans la trajectoire de risque, permettant ainsi de nous diriger vers des lignes directrices de pratique clinique, de surveillance ou de prévention. Nous discuterons du paradoxe médical selon lequel les enfants à très haut risque, nés d’un parent atteint, sont négligés par les systèmes de santé. Enfin, nous proposerons des méthodes pour contrecarrer les obstacles qui entretiennent cette situation. [résumé d’auteur]
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