Résumé :
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Les automutilations non suicidaires (ANS) représentent un véritable problème de santé publique, étant donné leur fréquence au sein d’une population jeune et les relations complexes qu’elle entretiennent avec d'autres troubles psychiatriques et comportements à risque. Pour mieux comprendre le phénomène, nous avons conduit une étude descriptive au sein de l’unité psychiatrique du CHU de Fèz. Méthodologie : Il s’agit d’une étude d’observation transversale recrutant tous les patients avec automutilations ayant été hospitalisés en psychiatrie sur une période d’une année. Nous avons recueilli des données concernant les caractéristiques de l’échantillon, du comportement d’ANS, de son contexte et ses modalités, puis nous avons cherché les événements traumatiques dans l’enfance et les diagnostics associés selon le DSM-IV. Enfin nous avons comparé nos données à celles de la littérature préexistante. Résultats : La prévalence des automutilations au sein des patients hospitalisés est estimée à 6,91 %, avec une nette majorité d’hommes et un âge moyen de 27 ans. Vingt-deux pour cent des participants avaient déjà présenté un comportement suicidaire, 56 % sont usagers de substances et 30 % ont subi des traumatismes ou de la maltraitance. Trente-trois pour cent de l’échantillon répondent aux critères DSM-IV de la personnalité borderline et 30 % des patients avaient une schizophrénie. L’intolérance à la frustration (73 %) et l’angoisse massive (37 %) accompagnait souvent l’acte d’ANS et les localisations la plus fréquente étaient les avant-bras (90 %) et les bras (57 %). Conclusion : Notre étude confirme le caractère fréquent des automutilations au sein de la population psychiatrique et retrouve les mêmes caractéristiques rapportées par la littérature occidentale, notamment le lien avec la personnalité borderline et l’anxiété, sauf pour la prédominance féminine. [Résumé d'auteur]
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