Résumé :
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La dépression ainsi qu’un traitement par antidépresseur sont des facteurs pouvant interférer avec la sexualité. En raison de cette relation complexe entre dépression, antidépresseur et sexualité, il est difficile d’établir incontestablement la responsabilité exclusive d’un traitement ou d’un trouble psychiatrique sur les dysfonctions sexuelles. L’objectif principal de l’étude SADD (pour la sexualité, les antidépresseurs et la dépression) est d’évaluer les dysfonctions sexuelles chez les hommes souffrant d’un épisode dépressif majeur traités par antidépresseur ou non. Les participants à cette étude observationnelle transversale étaient des hommes âgés de plus de 18 ans, souffrant d’un trouble dépressif majeur unipolaire, avec ou sans antidépresseur et inclus lors d’une consultation par un psychiatre. Les données médicales et sociodémographiques étaient recueillies lors de la consultation d’inclusion. L’évaluation du fonctionnement sexuel pendant trois différentes périodes: euthymie (avant dépression), dépression non traitée et dépression traitée le cas échéant a été réalisée sur la base de l’échelle Arizona Sexual Experience Scale (ASEX). L’évaluation était réalisée en un temps unique et donc rétrospective pour les périodes d’euthymie et de dépression précédant l’évaluation. L’ASEX est une échelle validée chez les hommes déprimés qui étudie de nombreux domaines du fonctionnement sexuel. L’ASEX a 5 questions relatives à différents aspects du fonctionnement sexuel : le désir, l’excitation, l’érection du pénis, l’orgasme et la satisfaction. Les autres données recueillies étaient l’évaluation de la satisfaction sexuelle par le patient selon 5 réponses possibles allant de très satisfait à très insatisfait et la thymie évaluée par le patient avec une échelle numérique de 0 (humeur la plus mauvaise possible) à 10 (euthymie). L’objectif principal était le fonctionnement sexuel dans une population d’hommes souffrant d’un trouble dépressif majeur durant trois périodes : euthymie (avant dépression), dépression non traitée et dépression traitée avec des antidépresseurs le cas échéant. Les objectifs secondaires étaient l’évaluation de la satisfaction sexuelle autodéclarée à l’égard de la vie sexuelle et de l’humeur autodéclarée. L’évolution de la fonction sexuelle a été étudiée, selon les trois périodes définies ci-dessus (euthymie, dépression traitée et dépression non traitée). Il était basé sur la comparaison des scores obtenus de l’ASEX. Dans un premier temps, nous avons utilisé le test Silmack afin de comparer globalement les 3 périodes. Deuxièmement, nous avons comparé les périodes 2 à 2 (Wilcoxon et t-test). Le seuil de significativité pour chaque test statistique était fixé à p < 0,05. Soixante-dix patients ont été inclus. Huit pour cent des patients euthymiques présentaient un dysfonctionnement sexuel (score moyen à l’ASEX = 12,4) tandis que 56 % des patients non traités présentaient un dysfonctionnement sexuel (score total moyen à l’ASEX = 17,7) et 62 % des patients traités avec antidépresseur (score total moyen sur ASEX = 18,5) (p < 0,001). Le fonctionnement sexuel des hommes sous traitement n’est pas significativement différent de celui des hommes ne recevant aucun antidépresseur, même si les patients traités par antidépresseur ont déclaré avoir une meilleure humeur que ceux non traités. Environ les trois quarts des patients ont estimé que leur vie sexuelle actuelle était une source de souffrance pour eux et 54 % ont admis être insatisfaits ou très insatisfaits. Il y avait un pourcentage significativement plus élevé (p < 0,05) de patients avec un score ? 5/10 sur l’échelle de l’humeur d’auto-évaluation dans le groupe traité par antidépresseurs (74 %) par rapport au groupe non traité (39 %). Nos résultats révèlent une forte prévalence de dysfonctionnement sexuel dans le cadre du trouble dépressif majeur et de son traitement et soulignent la relation complexe entre trouble dépressif majeur, antidépresseur et sexualité. [résumé des auteurs]
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