Résumé :
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La dimension de la reconnaissance et de la réparation du trouble est consubstantielle à la conception moderne de traumatisme psychique. Ainsi, dans les suites des attentats survenus à Paris en 2015 s’est rapidement déployée une importante machine médicale, juridique et sociale, afin de soutenir les impliqués et de faire valoir leurs droits en tant que victimes. Cette volonté collective de réparation peut initialement étayer un individu bien souvent à l’arrêt suite à l’horreur vécue. Cependant, le cheminement subjectif de reconstruction au décours d’une rencontre traumatique relève d’une grande variabilité interindividuelle. Cette temporalité singulière et subjective n’est pas forcément superposable à la temporalité des démarches administratives et juridiques de réparation. Les processus de reconnaissance peuvent servir d’étayage pour certains dans la phase qui suit le trauma. Pour d’autres, en revanche, l’identification au statut de victime peut renforcer la passivité et l’impossibilité de reprendre le cours de leur existence. Les temps d’expertise peuvent scander utilement le parcours de reconstruction, pour peu qu’ils soient préparés avec le patient et surviennent dans le respect de sa temporalité psychique. Le thérapeute se doit de conseiller son patient afin qu’il soit en mesure de faire valoir ses droits et doit être aussi vigilant aux mouvements subjectifs en jeu afin que ces démarches ne viennent pas déstabiliser un individu déjà fragilisé, mais qu’elles puissent, au contraire, produire un effet de reconnaissance par leur valeur signifiante. [résumé d'auteur]
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