Résumé :
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Avoir été victime de violences et de négligences dans l’enfance peut exposer les mineurs à des retentissements importants en santé tant sur le plan physique, psychique, psychoaffectif, que neurodéveloppemental. Les enfants et adolescents peuvent être auteurs de passages à l’acte violents dans les suites de ces violences subies. Le corps, souvent considéré comme seul marqueur tangible et opposable des violences a une place singulière et indissociable du psychisme et de la santé globale (OMS) dans ces situations. Il est un vecteur important pour que les professionnels puissent avoir accès à l’enfant. L’examen du corps permet de dire les violences et de les formuler dès le plus jeune âge. Il parle aussi dans les situations de négligence. Emettant des signaux faibles, il peut être le seul marqueur de mal-être. A l’adolescence en particulier, il peut être attaqué par les scarifications, les restrictions alimentaires, les mutilations, une sexualité précoce, la prostitution, etc. Cette préoccupation autour du corps autorisera la poursuite de soins plus spécifiques en particulier l’accompagnement pédopsychiatrique. La rencontre des enfants et des adolescents victimes de violence confronte les praticiens à une réalité difficile à voir et à concevoir. Si le continuum entre violences agies et violences subies semble aujourd’hui mieux connu, ces différentes situations restent difficiles à appréhender et à gérer. Les violences agies nous paraissent pouvoir faire écran à ce qui les génère et à la réponse aux besoins des mineurs en particulier en santé. Aller à la rencontre des enfants et adolescents auteurs de violences suppose, pour les praticiens, d’être en capacité de faire 'un pas de côté' par rapport aux représentations classiques de l’agression ou l’agressivité qu’elles soient tournées vers des tiers ou vers le mineur lui-même. Un accès à l’examen somatique et l’histoire médical de ces enfants ou ces adolescents doit être pleinement intégré dès la première rencontre. Associer d’emblée la santé dans tous ses axes : somatique, psychique et social permet ensuite une déclinaison de soins spécifiques quels qu’en soient la nature et le lieu. Cette pratique initiale intégrée permet un prendre soin des enfants et des adolescents et met en lumière la notion d’altérité qui est mise à mal dans les situations de violences ou de négligences en particulier lorsqu’elles se produisent dans le huis clos familial. Ces soins initiaux communs, somatiques et psychiques dans une unité de lieux permettent d’instaurer de nouveau du dialogue avec les mineurs et aussi leurs parents. Les compétences partagées et les liens qui unissent les professionnels entre eux font le soin. En réintroduisant des échanges autour des enfants et des adolescents et de leur état de santé globale, la réponse à leurs besoins peut être perçue comme un objectif commun et atteignable qui inscrit le mineur dans une temporalité et l’extrait de l’immédiateté d’un acte ponctuellement réprimé. [résumé d'auteur]
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