Résumé :
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Une idée revient régulièrement dans les discussions, celle de la disparition de l’hystérie : aurait-elle été dépassée ou recouverte par les nouvelles psychopathologies liées à l’évolution de notre société ? Dès 1895, Freud lui consacre pourtant une étude approfondie (1895d [1893-1895]/2009) et ne cessera d’y revenir, enrichissant sa compréhension et son abord thérapeutique par la méthode analytique qu’elle contribuera à créer. Alors, suivrait-elle l’air du temps et les mouvements de son époque au point de rester insaisissable et difficile à circonscrire ? L’hystérie a été décrite depuis l’antiquité avec déjà la perception d’une dimension sexuelle se traduisant par l’hypothèse d’une migration de l’utérus provoquant ses emblématiques états de crise et témoignant aujourd’hui encore d’un regard péjoratif porté sur les femmes. Jusqu’à la fin du xixe siècle, l’hystérie reste une affection essentiellement neurologique. Charcot va lui donner des lettres de noblesse en soutenant l’origine traumatique de ses symptômes, l’importance de la question sexuelle dans son étiologie et sa répartition dans les deux sexes, impulsant l’idée que c’est aussi une maladie psychologique, ce dont vont se saisir Janet et Freud à sa suite. Freud et Breuer vont faire de l’hystérie traumatique de Charcot le paradigme de l’hystérie en en distinguant différents types en fonction de leur étiologie. C’est la naissance de la psychanalyse : si 'l’hystérique souffre de réminiscences', ce sont les idées de trauma, d’après-coup et d’élaboration psychique qui se dégagent progressivement ; et quand Anna O. qualifie son travail de 'talking cure' et que Emmy Von N. impose à Freud de se taire, ce sont les premiers éléments du dispositif analytique, dont la règle fondamentale, qui se mettent en place. [Extrait]
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