Titre : | L'anorexie mentale masculine à l'adolescence |
Auteurs : | Jean Chambry ; Gilles Agman |
Dans : | PSYCHIATRIE DE L'ENFANT (49(2), 2006) |
Pagination : | 477-511 |
Langues: | Français |
Mots-clés : |
SANTEPSY ADOLESCENT ; ANOREXIE MENTALE ; GARCON ; HOMME ; IDENTITE SEXUEE |
Résumé : | "Bien que décrite par Morton depuis 1694, l'anorexie mentale masculine a souvent fait l'objet de controverses. Pour de nombreux auteurs, deux questions restent posées : l'anorexie mentale masculine telle qu'elle est définie chez les filles existe-t-elle ? Si elle existe, est-elle identique aux formes féminines ? À partir de l'analyse des données de la littérature, nous avons montré que son incidence était moins importante que dans la population féminine mais qu'elle était sous-estimée en raison d'un diagnostic plus difficilement acceptable et repérable. Les aspects comportementaux plaident pour une similitude entre l'anorexie mentale masculine et féminine, même si les formes anorexiques restrictives pures sont plus rares chez les garçons. Quelques différences existent cependant. Les hommes, selon Crips et Burns (1990), sont plus gros que les femmes au moment de l'installation du trouble mais ils enregistrent des poids plus bas à certaine périodes de la maladie. L'hyperactivité physique est plus fréquente que l'hyperinvestissement intellectuel (Margo, 1987). Reste bien sûr le problème de l'aménorrhée, phénomène on/off dont l'équivalent n'existe pas chez l'homme. La testostérone et la fonction sexuelle diminue graduellement avec l'importance de la dénutrition (Andersen, 1990). La sexualité n'est évoquée par le patient qu'avec difficulté, et révèle une grande pauvreté, tant au niveau de l'expérience que des représentations mentales. Les contacts avec le sexe opposé s'avèrent peu fréquents, tandis que la vie fantasmatique est généralement souvent réduite. La fréquence de l'homosexualité est comprise entre 25 % (Herzog, 1984) et 58 % (Schneider et Agras, 1987) et est plus importante que dans la population anorexique féminine (Herzog, 1984). Cette dernière constatation pose la question du lien entre l'anorexie mentale masculine et la fragilité de l'identité sexuée. Après cette revue des données de la littérature, nous exposons notre expérience clinique à partir de l'étude des situations de 16 garçons hospitalisés dans notre service avec le diagnostic d'anorexie mentale. Cette expérience nous conduit à considérer que si tout ce qui concerne la description de leur comportement et de leur aspect physique tend à abraser les différences dans le sens où tous les garçons anorexiques se ressembleraient et seraient semblables aux filles anorexiques, en revanche, une prise en compte de leur histoire individuelle et familiale, de leurs antécédents, de leur mode de fonctionnement mental amène au contraire à les différencier à la fois les uns des autres mais aussi des filles. La grande majorité de ces garçons nous ont posé des problèmes dans le cadre des hospitalisations, à la manière des filles considérées comme les "" anorexies difficiles "". Il semble utile, pour les équipes de soins, de se dégager de cet effet d'abrasion des différences réalisé par l'expression par le comportement des troubles psychiques à l'adolescence, en s'attachant au contraire à repérer ce qui peut différencier chacun de ces patients par ses caractéristiques individuelles et tout particulièrement celles qui sont liées à son identité sexuelle. [résumé d'auteur]" |
En ligne : | https://go.openathens.net/redirector/ghu-paris.fr?url=http://www.cairn.info/revue-la-psychiatrie-de-l-enfant-2006-2-page-477.htm |