Titre : | L'absinthisme : la faute du docteur Magnan |
Auteurs : | Jean-Pierre Luauté |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (72(3), 2007) |
Pagination : | 515-530 |
Langues: | Français |
Mots-clés : |
SANTEPSY ALCOOL ; EPILEPSIE ; HISTORIQUE ; RECHERCHE BIOMEDICALE ; TOXICOLOGIE |
Résumé : | La loi d'interdiction de l'absinthe fut votée, au début de la Grande Guerre, sous le coup de l'émotion à la suite d'une manipulation de l'opinion publique, et de ses représentants à qui l'on avait fait croire qu'il s'agissait d'une boisson qui engendre une folie criminelle. La campagne des abolitionnistes, au-delà de profondes raisons économiques, politiques et morales s'appuyait sur des arguments scientifiques qui avaient pourtant, d'emblée, été contestés. Valentin Magnan en défendant la réalité d'un absinthisme différent de l'alcoolisme a joué un rôle déterminant dans cette campagne. L'enquête historique montre qu'il s'était laissé séduire par une observation particulière et qu'il avait ainsi commis une faute d'inférence. Puis, ayant découvert l'effet hautement convulsivant chez l'animal de l'essence d'absinthe, il s'était convaincu que la boisson elle-même, était responsable d'une comitialité spécifique (alors même que la quantité d'essence y était infime). Sa deuxième erreur paraît provenir de son attachement aux principes de 'la médecine expérimentale' par la fausse évidence que lui apportaient les crises convulsives qu'il obtenait facilement avec l'essence. La passion qu'il mit par la suite dans son combat contre l'alcoolisme, dont la progression était foudroyante, et dont la consommation d'absinthe était pour une grande part responsable, ainsi que l'absence de critiques d'un entourage déférent, ne lui permirent jamais de corriger son erreur. L'épilepsie absinthique fut rapidement remise en cause sur des arguments cliniques et de bon sens, tandis que la réalité d'une folie criminelle ne résista pas à une enquête épidémiologique pionnière demandée par Georges Clemenceau.[résumé d'auteur] |