Résumé :
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Psychiatre et philosophe, l'auteur fait état de certaines questions relatives au sens donné à la spiritualité dans le cadre des pratiques soignantes. Il lie ces questions aux ambiguïtés qui découlent de la notion même de spiritualité. Se référant à la 'conception statique de la religion' de Henri Bergson, il sort la spiritualité du cadre religieux et transcendantal pour l'inscrire dans le courant humaniste, athée ou non. Ensuite, il décrit les diverses manifestations de la spiritualité dans les situations de souffrance, que certains auteurs (Virginia Henderson, Jean Watson, Cicely Saunders, François Rosselet, Ken Wilber) évoquent et interprètent chez les patients comme des expressions des besoins spirituels, fondamentaux pour persévérer dans l'existence. Mais, en énumérant ces besoins spécifiquement spirituels, il met en garde contre le risque, pour le soignant, de dissocier l'esprit du corps, d'objectiver l'un et l'autre dans des représentations ignorant l'expérience vécue de la personne dont l'épreuve, qui résonne dans les tonalités de l'angoisse et de la détresse, ne peut se dire. Développant sa pensée, il continue en assurant que, dans toutes les situations de soins, la dimension spirituelle de l'existence est sollicitée et que, dès lors, ce qu'il appelle le 'soin spirituel' est rendu possible par une démarche du soignant allant à la rencontre de l'autre, malade, pour entrer en présence avec lui. Dans cette présence, constitutive d'un 'entre-deux' de la relation soignant-soigné, la spiritualité se dévoile et s'exprime soit dans la joie d'une sollicitude supposant confiance et compassion, soit dans la tristesse d'une impuissance à accompagner l'autre. Enfin, l'auteur invite le soignant à ne pas faire barrage à l'expression de la spiritualité, qu'elle soit celle du patient ou la sienne propre. Il lui demande de ne pas confondre spirituel et religieux et, tout en conservant sa neutralité 'laïque', de se montrer disponible dans l'écoute du patient et de sa famille. Il l'enjoint encore à ne pas rester seul et à parler, dans son entourage professionnel, des résonances spirituelles du malade qui l'affectent inévitablement, discutant de la sorte la subjectivité irréductible de chaque situation de soin. [Résumé d'auteur]
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