Titre : | Etude comparative de dix sujets SDF fréquentant un centre d'hébergement d'urgence et de dix sujets SDF vivant uniquement dans la rue : acceptation et refus de l'hébergement d'urgence |
Auteurs : | Gaétan LANGLARD ; Evelyne Bouteyre |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (171(8), 2013) |
Pagination : | 531-537 |
Langues: | Français |
Mots-clés : |
SANTEPSY ANXIETE ; DEPRESSION ; ETUDE COMPARATIVE ; EXCLUSION ; PRECARITE ; REFUS DE SOINS ; SANS DOMICILE FIXE ; SOUFFRANCE PSYCHIQUE ; STRUCTURE D'HEBERGEMENT |
Résumé : | "Ces dernières décennies ont vu naître une augmentation du nombre de personnes sans domicile fixe (SDF) dans nos sociétés occidentales. Les autorités publiques ont développé un massif dispositif d'assistance visant à traiter ce ' problème ' SDF par l'hébergement d'urgence. Ce type d'hébergement ne pose généralement aucune condition d'admission et répond à une nécessité de mise à l'abri immédiate de la personne. Pourtant, de nombreuses personnes SDF refusent l'hébergement d'urgence, même en hiver. Elles préfèrent dormir dehors dans des conditions de vie extrêmes. L'objectif de cet article est d'aider à comprendre le refus et l'acceptation de l'hébergement d'urgence de la population SDF. Dans cette étude, un groupe de dix sujets SDF usagers d'un centre d'hébergement d'urgence (CHU) est comparé à un groupe de dix sujets SDF refusant l'hébergement d'urgence et vivant uniquement dans la rue. Auprès de chaque sujet, un entretien semi-directif est mené. L'échelle HAD (Zigmond AS et Snaith RP, 1983) et l'échelle d'estime de soi (Rosenberg M, 1969) sont administrées. En complétant l'analyse des données recueillies lors des entretiens de recherche avec l'analyse statistique des résultats des passations d'échelles, nous mettrons en évidence les points communs et les différences expliquant le refus ou l'acceptation de l'hébergement d'urgence. Les points communs entre ces deux groupes de sujets sont les suivants : tous ont connu un passé douloureux, voire traumatique. Ces sujets ont vécu de nombreuses ruptures, abandons, carences les ayant fortement perturbés et affectés. L'accumulation d'événements de vie chroniques et souvent traumatiques a fait que le dernier événement en date est identifié par ces sujets comme la cause de leur situation de SDF. Leur survie au jour le jour implique un passage à l'acte constant dans l'espace de la rue, traduisant une cristallisation psychique, une élaboration psychique impossible. Ces deux groupes de sujets se distinguent principalement dans leurs façons d'appréhender leur situation SDF. Ainsi, l'acceptation/refus de l'hébergement d'urgence renvoie à une acceptation/refus de l'identité de SDF, une adaptation/inadaptation à la condition SDF, une acceptation/refus d'assistance et une acceptation/refus de l'espace collectif. Au niveau quantitatif, on note un lien entre l'anxiété/dépression et le refus d'hébergement d'urgence. Les sujets refusant l'hébergement d'urgence présentent un niveau de dépression significativement plus élevé (10,3 contre 7,1) et un niveau d'anxiété significativement plus faible (11 contre 14,1) que les sujets usagers des CHU.Cette étude permet de considérer le refus d'hébergement des personnes SDF comme une volonté de ne pas subir passivement leur situation d'exclusion sociale. Elles maintiennent un mode de vie volontairement difficile entraînant une souffrance psychique plus importante que celle des personnes hébergées ; cela pour ne pas s'installer dans leur situation. À l'inverse, les usagers réguliers des CHU les investissent et y trouvent un cadre et de nouveaux repères. Cet investissement entraîne un soulagement et une souffrance psychique moindre qui favorisent une sur-adaptation à leur condition de vie. [résumé d'auteur]" |
Notes de contenus : |
Tabl. Bibliogr. |