Titre : | Eugénisme et psychiatrie |
Auteurs : | Cyrille Koupernik |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (159(1), 2001) |
Pagination : | 14-18 |
Langues: | Français |
Mots-clés : |
SANTEPSY ETHIQUE ; EUGENISME ; PROCREATION MEDICALEMENT ASSISTEE ; RACISME |
Résumé : | En France, l'eugénisme a trouvé sa légitimation avec la théorie de la dégénérescence formulée par B. A. Morel en 1857 et reprise par V. Magnan en 1895. L'action eugéniste française a été soutenue par le psychiatre, hygiéniste et journaliste Édouard Toulouse (1865-1947). Elle a fait l'objet d'une évolution inquiétante du fait de la position prise par deux prix Nobel français - Alexis Carrel et Charles Richet - qui ont publiquement encouragé la suppression des ' tarés ' et des ' inutiles '. C'est peut-être cette attitude vis-à-vis des malades mentaux et des criminels qui a été à l'origine de la ' mort douce ' (en fait : mort de faim) de plus de 40 000 sujets internés entre 1940 et 1944 (thèse de Max Lafont, 1980). À l'heure actuelle, on cherche en France à définir l'attitude éthique vis-à-vis de conduites pratiques. Un rapport du Comité national consultatif d'éthique a soulevé la question d'une stérilisation éventuelle de personnes handicapées mentales, en fait, de certaines malades qui encourent le risque d'une fécondation, alors qu'elles sont considérées « incapables « d'assumer un rôle maternel. Mais a-t-on le droit d'envisager pour de telles personnes une stérilisation ? Autre question : peut-on moralement avoir recours à une interruption ' thérapeutique ' de grossesse, si l'examen prénatal révèle l'existence d'une anomalie, fut-elle mineure ? Le problème est similaire en ce qui concerne le diagnostic pré-implantatoire chez l'embryon. Un débat s'est engagé entre des généticiens et des biologistes, notamment Jacques Testart pour qui l'étendue même des progrès en matière de génétique constitue un risque de dérive éthique, et leurs adversaires, dont Pierre-André Taguieff, qui considèrent qu'une telle recherche ne comporte pas de périls spécifiques et doit servir de base aux conduites médicales. De toute façon, l'incertitude en matière de connaissances en génétique psychiatrique ne permet pas d'étendre le champ de nos interventions.[résumé d'auteur] |