Titre : | Elaboration de recommandations pour le suivi somatique des patients atteints de pathologie mentale sévère |
Auteurs : | Djéa Saravane ; FEVE B ; FRANCES Y ; Emmanuelle Corruble ; Christophe Lançon ; CHANSON P ; Patrick MAISON ; Jean-Louis Terra ; Jean-Michel Azorin ; LABORATOIRE LILLY |
Dans : | ENCEPHALE (35(4), 2009) |
Pagination : | 330-339 |
Langues: | Français |
Mots-clés : |
SANTEPSY COMORBIDITE ; EFFET SECONDAIRE ; MALADIE CARDIOVASCULAIRE ; MALADIE DU METABOLISME ; PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE ; PSYCHOTROPE ; RECOMMANDATION ; SCHIZOPHRENIE |
Résumé : | Les patients atteints de pathologie mentale sévère telle que la schizophrénie et les troubles bipolaires ont un risque accru de morbidité et de mortalité par rapport à la population générale, avec une réduction de l'espérance de vie de 15 à 30 ans, en rapport avant tout avec des événements cardiovasculaires précoces (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral…). Existe en fait chez ces patients une fréquence plus importante des facteurs de risque cardiovasculaire classiques tels que surpoids et obésité, diabète, hypertension artérielle et tabagisme. Le traitement par les médicaments antipsychotiques, incluant les antipsychotiques de seconde génération s'associe également à la survenue d'effets secondaires métaboliques. Dans ce contexte, il est apparu fondamental à un groupe d'experts français psychiatres et somaticiens de proposer des recommandations visant à dépister et évaluer les patients à risque métabolique et cardiovasculaire, afin d'en assurer le suivi de façon optimale et de réduire au maximum les complications. Dans une première partie du document sont donc abordés les principaux éléments qui justifient cette prise en charge spécifique. Il convient d'emblée de souligner que la mortalité et les comorbidités des patients atteints de pathologie mentale sévère sont surtout le fait d'affections cardiovasculaires, avec au premier rang les accidents ischémiques coronariens ou vasculaires cérébraux. Ces événements cardiovasculaires sont fortement associés à des facteurs non modifiables tels que l'âge, le sexe, les antécédents personnels ou familiaux, mais aussi à des facteurs modifiables absolument fondamentaux tels que le surpoids ou l'obésité, la dyslipidémie, le diabète, l'hypertension artérielle et le tabagisme. Bien que ces facteurs de risque classiques existent dans la population générale, des données épidémiologiques suggèrent que les patients souffrant de pathologie mentale sévère présentent une prévalence accrue de ces facteurs de risque. Les raisons du risque métabolique et cardiovasculaire plus prononcé dans cette population spécifique sont également associées à la pauvreté, à un accès limité aux soins médicaux, mais également à l'utilisation de médications psychotropes. Dans plusieurs pays étrangers, cela a d'ores et déjà conduit à l'élaboration de recommandations pour assurer le suivi régulier, métabolique et cardiovasculaire, des patients recevant des médicaments antipsychotiques. Dans la seconde partie de ce document, le groupe d'experts français propose donc pour les praticiens psychiatres un certain nombre de recommandations pour l'initiation et au cours du suivi d'un traitement par les substances antipsychotiques. Le premier objectif est l'identification de facteurs de risque, modifiables et non modifiables, qui prédisposent à la survenue de complications métaboliques et cardiovasculaires. L'accent se porte ensuite sur les éléments de la visite initiale, précédant la mise en route du traitement : histoire médicale personnelle et familiale, mesure du poids et de la taille, permettant la mesure de l'indice de masse corporelle (IMC, exprimé en kg/m2, en divisant le poids par le carré de la taille). L'adiposité viscérale est estimée par le tour de taille et la pression artérielle est mesurée. Le bilan biologique comporte la réalisation d'une glycémie et d'un bilan lipidique à jeun. Un électrocardiogramme est réalisé, dans la mesure où l'emploi de plusieurs antipsychotiques est associé à l'allongement de l'intervalle QT (mesure du QT corrigé ou QTc), un facteur prédictif de la survenue d'une arythmie. À la suite de cette évaluation initiale, les patients recevant un traitement antipsychotique seront suivis selon l'échéancier proposé, à la fois sur le plan somatique par mesure du poids, du tour de taille et de la pression artérielle et sur le plan biologique par évaluation régulière du profil glycémique et lipidique. Outre ce suivi régulier, il conviendra de s'assurer que le patient pourra bénéficier d'un accès facilité aux soins. Dans une logique de prévention de la survenue des effets secondaires associés à la prise des médicaments antipsychotiques, il est également essentiel de fournir au patient et à son entourage l'information sur le risque métabolique et cardiovasculaire. Le rapport coût–efficacité de l'emploi de ces recommandations est également un aspect important à considérer : les coûts des examens biologiques et des équipements requis pour l'évaluation et le suivi des patients sont modestes. Se pose également le problème du lien entre la prescription de médications antipsychotiques et la responsabilité engagée pour suivre les effets secondaires potentiels métaboliques et cardiovasculaires induits par ces molécules. Dans tous les cas, la survenue des complications métaboliques impose la mise en route de traitements spécifiques. Dans ce contexte des pathologies mentales sévères, une action coordonnée entre psychiatres, généralistes, endocrinologues, cardiologues, infirmières, diététiciennes et l'entourage du patient est de façon certaine un élément essentiel d'une prise en charge satisfaisante.[résumé d'auteur] |
Notes de contenus : |
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