Titre : | Introduction historique à l'étude de la conscience et de l'inconscient |
Auteurs : | Jean Garrabé |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (80(1), 2015) |
Pagination : | 15-28 |
Langues: | Français |
Mots-clés : |
SANTEPSY CONSCIENCE ; DEFINITION ; HISTOIRE ; HISTOIRE DES SCIENCES ; INCONSCIENT |
Résumé : | "Objectifs : Le mot conscience a, au long des siècles, pris dans la langue française des acceptions diverses que l'on retrouve dans les différents vocabulaires spécialisés philosophique, psychologique, psychopathologique, psychanalytique, neurophysiologique, utilisés de nos jours. L'objectif de ce travail est d'examiner les différentes significations du mot 'conscience' en fonction des contextes historiques, idéologiques et scientifiques des différentes époques. Méthode : Une revue détaillée des définitions et des auteurs de référence ayant étudié cette question, depuis 1165 jusqu'à nos jours, sera proposée. Les différentes thèses seront référées aux savoirs et idéologies de chaque époque. Résultats : Le mot conscience est emprunté au latin consciencia, lui-même dérivé de conscire, de cum et scire 'savoir' et conscience signifie donc étymologiquement 'savoir ensemble'. Apparu en français très tôt, vers 1165, et il signifie d'abord d'après le dictionnaire de Rey [1] : 'I.1. Connaissance intuitive de l'être humain de ce qui est bien ou mal, et qui le pousse à porter des jugements de valeur morale sur ses propres actes ; la personnalité humaine sur le plan de cette connaissance morale', signification qui est illustrée d'une citation tirée de l'Émile de Jean-Jacques Rousseau : 'Il est au fond de nos âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes, nous jugeons nos actions et celles d'autrui comme bonnes ou mauvaises, et c'est à ce principe que je donne le nom de conscience'. D'où les locutions 2 : 'sur la conscience' et 3 : 'Bonne ou mauvaise conscience'. C'est n'est que beaucoup plus tard, en 1671, qu'apparaît, toujours d'après Rey, dans notre langue un second sens : II. 1 'Connaissance immédiate et réflexive que certains organismes vivants, et spécialement l'homme, ont quant à leur propre activité psychique'. Employée absolument la conscience désigne la conscience de soi, de son existence et aussi II. 2 'la Faculté d'avoir une conscience intuitive de soi, d'avoir la conscience'. D'où aussi d'autres locutions telles sur prendre conscience ; prendre conscience de... devenir conscient (d'un phénomène psychique personnel). Et, ajoute Rey, dans le 'vocabulaire de la psychanalyse', Prise de conscience : accès à la conscience de sentiments refoulés, déterminants de la conduite. Nous reviendrons sur ce vocabulaire-ci et sur la signification des termes allemands dont il est issu. On observe dans les autres langues latines une évolution analogue des diverses acceptions du mot 'conscience'. Par contre, Martin Luther ayant, dans sa traduction en allemand du Nouveau Testament publiée en 1522, traduit le grec Syneidesis par Gewissen, qui désigne la conscience morale, les mots Bewusstsein et Selbstbewusstsein n'apparaîtront que beaucoup plus tard au XIXe siècle pour désigner ce sens second de conscience. Discussion : Le terme 'conscience' a pris des sens et s'est inscrit dans des champs de savoirs extrêmement hétérogènes de 1165 à nos jours pour intéresser la morale, la philosophie, la médecine, la psychiatrie, la psychologie, la psychanalyse, la neurophysiologie. L'examen attentif des modifications ou différences de la notion de conscience permet de la resituer et d'en entendre les différentes acceptions. Ces acceptions se complètent ou quelquefois s'opposent si bien que leur confrontation tant diachronique que synchronique permet une conception élargie du terme. Conclusion : Le terme de 'conscience' est constitué d'une accumulation de significations évolutives et-ou contradictoires depuis son apparition en 1165 jusqu'à nos jours et également au sein d'une même époque. L'examen de ces évolutions ou conceptions complémentaires restitue à ce terme souvent employé mais rarement défini précisément sa complexité comme son immense palette de nuances.[Résumé d'auteur]" |
Notes de contenus : | Bibliogr. |