Titre : | La jalousie : un sentiment naturel ? |
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Auteurs : | Daniel Vander Gucht |
Dans : | SANTE MENTALE ((207), 2016) |
Pagination : | 76-81 |
Langues: | Français |
Mots-clés : |
SANTEPSY AMOUR ; INNE ACQUIS ; JALOUSIE ; NORMAL PATHOLOGIQUE ; RELATION CONJUGALE ; REPRESENTATION SOCIALE ; SCHEMA COGNITIF ; SOCIETE PATRIARCALE ; SOCIOLOGIE |
Résumé : | La jalousie, ressort de la tragédie classique comme de la comédie de boulevard, se trouve aujourd'hui recommandée, à dose homéopathique il est vrai, dans les 'courriers du coeur' de nos magazines, comme un adjuvant de la libido conjugale, et passe dans nos cours d'assises pour une circonstance atténuante, comme si cette funeste passion, abusivement interprétée comme une preuve d'amour, était somme toute normale, naturelle pour tout dire. Or, s'il est incontestable que cette attitude est largement répandue dans notre société (non seulement dans la sphère intime en relation avec le sentiment amoureux, mais aussi bien dans le monde du travail où la rivalité professionnelle est exacerbée et jusque dans le monde de l'art, comme l'atteste la passion exclusive du collectionneur), elle est diversement appréciée et développée selon les époques et les cultures. En s'appuyant sur un certain nombre d'études classiques dans le domaine des sciences humaines, on pourrait du reste démontrer que si la jalousie est certes 'normale', au sens statistique du terme, elle n'est pas aussi 'naturelle' qu'il y paraît, et même avancer l'hypothèse que la relative indulgence dont elle jouit tient sans doute pour une large part à l'invention paradoxale du mariage d'amour, soit de l'hybridation de la fonction économique et politique de l'institution du mariage, traditionnellement garante de la propriété privée, avec une forme trivialisée de la passion amoureuse devenue religion séculaire de notre société démocratique |